1965 et 1966 - L'exode
En 1965 on ne construit plus de nouveaux langoustiers
Le banc d'Arguin continuait à se dépeupler ne suffisant plus à assurer la rentabilité des 23 langoustiers camarétois. Les campagnes de pêches s'allongeaient et rapportaient moins de langoustes. Il était courant de faire des voyages de 4 ou 5 mois pour des tonnages de 5 à 10 tonnes , ce qui était insuffisant pour amortir les navires. Parfois les langoustiers complétaient leur campagne mauritanienne en allant au Maroc, au Portugal ou en Méditerranée pêcher de la langouste rouge ou du homard.
Il y avait cependant quelques exceptions à la règle, certains bateaux tiraient leur épingle du jeu, ainsi fin octobre 1965 le Veryac'h (Jo Dinahet) rentrait avec 15 tonnes de langoustes roses vivantes et 20 tonnes de queues congelées après 4 mois de voyage.
A partir de 1965 on arrêta de construire des nouveaux langoustiers mauritaniens, les chantiers camaretois se diversifièrent en construisant des chalutiers pour d'autres ports.
Au début de l'année 1965 la pêche au Brésil revint au sommet de l'actualité, des négociations entre la filière langoustière et une société brésilienne étaient sur le point d'aboutir. En août le langoustier Banc d'Arguin quitta Douarnenez pour le Brésil.
A Camaret il fallut attendre de nouvelles négociations et la création de la société franco-brésilienne IRPEX pour arriver à un accord.
Quatre langoustiers partent pour le Brésil
Au printemps 1966 quatre grands langoustiers, après une longue période de désarmement pour certains, s’apprêtaient à partir vers le pays de la samba. Fin mai et début juin 1966 le Henri Annick, le Toulinguet, le Charleston et le Françoise-Christine. appareillaient pour l’Amérique du sud. Ils ne partaient pas pour une campagne ordinaire, les bateaux étaient vendus à la société IRPEX de Sao Louis (Brésil), ils arboraient déjà le pavillon brésilien. Le « Henri-Annick » avait été rebaptisé Hercule, le « Toulinguet» Neptune, le « Charleston » Vulcano et le « Françoise-Christine » Centaurus.
C’est ainsi que le port de Camaret passa de 23 mauritaniens à 19.
Les Brésiliens, qui avait su repousser les langoustiers bretons au-de-là de leur plateau continental, s'intéressaient à nos bateaux beaucoup plus modernes et efficaces que les leurs. Ils avaient compris que Camaret et Douarnenez étaient dans une impasse.
La société brésilienne IRPEX leur permit d'acquérir à bon prix des bateaux et une formation pour leurs pêcheurs.
Les matelots bretons étaient salariés d'une entreprise brésilienne et ne bénéficiaient plus des avantages sociaux français (retraite, protections...)
Du côté des armateurs camarétois les quirataires étaient satisfaits de récupérer une partie de leur capital.
Afrique du sud
Parallèlement aux négociations brésiliennes l'armement Languil négociait avec L'Afrique du Sud. En juillet 1965 le Maria Martina appareillait pour ce pays. Il allait à Cape Town avec le projet de pêcher sur le Mont Véma (voir carte ci-dessous), une montagne sous-marine située à environ 500 milles au NW de Cape Town ou, disait-on, il y avait des quantités de langoustes.
Le navire était partiellement vendu. L'armement Languil restait majoritaire ce qui permettait de garder le pavillon français et les statuts des membres de l’équipage, le bateau restait immatriculé à Camaret.
Dès sa première saison il trouva de la langouste sur le Mont Véma et fit un bon voyage avec 15 t de queues en 25 jours ce qui entraîna d'autres bateaux sur la même voie.
Il fut suivit par le Condor qui quitta camaret en novembre 1965 en direction Cape Town.
Ensuite ce fut le tour du Fraï-Lann et de la Barbade qui partirent en décembre 1965 pour une destination différente de celle des précédents langoustiers, ils se dirigèrent vers Durban, dans l'est de l'Afrique du Sud. Le voyage durait normalement un peu plus d'un mois, mais pour la Barbade, victime d'ennuis mécaniques, il dura 3 mois.
Ces langoustiers firent quelques campagnes dans les eaux d'Afrique du Sud et dans le canal du Mozambique, la Barbade en fit trois, peu rentables. Les langoustes étaient de très petite taille. Pour compenser le manque de crustacés ils se mirent à pêcher du thon, abondant et peu exploité dans ces eaux.
En novembre 1966 les équipages, rentrés en France pour les congés et lassés de ces mauvaises fortunes, ne rembarquèrent pas, les bateaux restèrent désarmés à Lorenço Marques (aujourd'hui appelé Maputo).
En fin d'année 1966 la décision fut prise de vendre ces 2 langoustiers. Après quelques mois de location, les bateaux furent donc vendus à la société Bretic (Paris) qui exploitait la langouste à Durban. Ils continuèrent la pêche à partir de Durban pour leur nouvel armateur.
En Janvier 1966 le Veryac'h, patron Jo Dinahet, partait lui aussi pour le sud, il mit 29 jours pour descendre à Cape Town. Le langoustier travailla sur le Mont Vema qui déjà s'épuisait puis dans les environs du Cap, et dans le canal du Mozambique.
Au bout de 6 mois l'équipage revint en congé à Camaret puis refusa de repartir quand l'armateur (Languil) leur apprit qu'ils allaient désormais être gérés et payés par Van de Ghinste, le nouvel armateur en Afrique du Sud.
C'est "Jean Le Gall", patron douarneniste, qui reprit le bateau avec un nouvel équipage, direction le banc Vema, mais la rentabilité était trop faible.
Début 1967 Jean Le Gall fit une prospection à Tristan da Cunha et le Veryach rentra à Camaret avec sa pêche subissant une forte mortalité (due à une panne de moteur). Le bateau resta désarmé pendant deux ans.
En 1970 , immatriculé à Bordeaux, il repartit pour l'Afrique du Sud avec Jacques Pernes (Dz). Il fit 2 voyages à l'Ile St Paul (deux semaines de route dans les 40 èmes rugissants).
Le Veryac'h a été définitivement désarmé à Cape Town en 1976.
Lire dans Avel Gornog n° 11 le récit de JJ. Kerdreux à propos du Veryac'h en Afrique du Sud après 1966.
Le Rubis (Marcel Kermel)
quittait Camaret en février 66 pour l'Afrique du Sud orientale. Il commença sa campagne du côté de Loranço Marques aujourd'hui Maputo (Mozambique) dans le même secteur que la Barbade et le Fraï-Lann. Les résultats n'étant pas satisfaisants il rejoint la flottille basée à CapeTown.
Il fut un des rares langoustiers à revenir au pays. En avril 67 il rentra à Camaret avec le Condor et le Raymond Moreau, et fut ensuite désarmé jusqu'à janvier 68 avant d'être vendu à la société Française Bretic (comme la Barbade et le Fraï-Lann) qui exerçait à Durban.
Le Mgr Landreau fût vendu à un industriel parisien en décembre 1965, il quitta donc Camaret pour l'Afrique du Sud en mars 66 en gardant le pavillon tricolore car il était toujours armé en France. Au cours du voyage vers l'Afrique du Sud, il fit, avec le Lys de Bretagne une campagne langoustière à Sainte Hélène pour le compte d'une société sud Africaine.
En 1968 le Mr Landreau a été immatriculé à la Réunion.
Le Sirocco fût réarmé en février 1966 et partit en Afrique du Sud muni d'un contrat d'un an qui le liait avec Mr Van de Ghinste (Jamy holdings Ltd de Cape Town).
En 1968 il a été vendu à Mrs WH Marais et LD Becker (Afrique du Sud)
Le Lys de Bretagne était désarmé depuis trois mois et demi quand il a été vendu en mai 66 à M. Pierre Carmignac (industriel parisien) et à M. Van de Ghinste (directeur de « M Jamy Holdihgs corporation PTY demeurant à Capetown (AdS). Il partit en Afrique du Sud en juin 1966 et fit un essai de pêche à Sainte Hélène avec le "Mgr Monseigneur Landreau" en juillet 1966.
En 1967, suite à un accident, il sera déclassé et déclaré inapte à la navigation par le consul de France à Cape Town.
Le Raymond Moreau, qui était un plus petit bateau (66 tx), se rendit aussi en Afrique du Sud en décembre 66. Quelques mois plus tard, en avril 67, il rentrait en France avec le Condor et le Rubis.
C'est ainsi qu'en 1966 Camaret perdit l'essentiel de sa flotte de grands langoustiers qui, au début de l'année 1965, représentait 23 navires et en 1968 n'en comptait plus que 6. | ||
Brésil | Ces quatre bateaux ainsi que le "Banc d'Arguin" (Dz) ont quitté définitivement Camaret pour le Brésil en 1966 | |
Afrique du sud | Certains bateaux revinrent à Camaret : le "Condor", le "Rubis", le "Fraï-Lann", le Veryac'h, mais aucun ne reprit la pêche à Camaret. Le Condor fut vendu à Audierne, le "Rubis", le "Fraï-Lann" et le "Veryac'h" repartirent pour l' Afrique du Sud. | |
Les autres bateaux |
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Bateaux ayant continué la pêche en Mauritanie en étant basés à Camaret. |